Allergènes chez les bébés : définitions et recommandations essentielles
La prévalence des allergies alimentaires est, selon l’étude longitudinale française depuis l’enfance (ELFE)*, d’environ 6 % sur les 5,5 premières années de vie. Il est donc crucial de comprendre comment introduire les allergènes de manière appropriée lorsque vient le moment de diversifier l’alimentation de votre bébé pour sa santé et sa sécurité.
De quoi parle-t-on?
Une allergie alimentaire est un ensemble de réactions immunitaires anormales, survenant après l’ingestion d’un aliment allergène (Ameli). Elle se différencie de l’intolérance alimentaire de par son caractère immunologique.
En France, 14 allergènes doivent être déclarés obligatoirement sur les emballages alimentaires. On les repère sur les étiquettes parce qu’ils sont écrits en gras :
En France, les allergènes majeurs chez les enfants en bas âge sont le lait de vache, les œufs de poule, les fruits à coque et l’arachide.
La question des allergènes émergents
Toutefois, ces 14 substances ne sont pas les seules qui ont un caractère allergène. Le réseau d’Allergo Vigilance (RAV) à mis en évidence des allergènes émergents à partir des 2621 cas d’anaphylaxie alimentaire (réaction sévère) enregistrés entre 2002 et 2021**.
Selon l’ANSES***, un allergène est qualifié d’émergent s’il représente 1% ou plus des cas d’anaphylaxie sévère recensés ou s’il a un potentiel de réaction croisée avec un des 14 allergènes déjà déclaré.
On retrouve** :
- Le lait de chèvre et/ou de brebis : 2,9 %
- Le sarrasin : 2,7 %
- Le sésame : 2,36 %
- L’alpha-gal : 1,60 % (Allergie à la viande de mammifère)
- Le kiwi : 1,6 %
- Les légumineuses pois et lentilles : 1,48 %
- Le pignon de pin : 1,4 %
- Les produits de la ruche : 1,22 %
La pomme (0,88 %), la banane (0,88 %), la pêche (0,72 %) et la carotte (0,72 %) émergent également dans le cas des réactions croisées avec le pollens.
Ces données montrent bien que la liste des 14 allergènes à déclaration obligatoire pourrait faire l’objet de mise à jour, du fait du risque de réactions sévères que représentent ces aliments.
Les « pseudo-allergies », vrai ou fausse allergie ?
En dehors des réactions mortelles, il arrive parfois que l’on ingère un aliment qui donne de l’urticaire, des maux de tête ou encore des troubles digestifs. C’est ce que l’on appelle une « pseudo-allergie ». Elle ne doit pas être confondue avec une allergie car elle n’implique pas un mécanisme immunologique.
La pseudo-allergie est définie, par l’office québécois de la langue française, comme une « hypersensibilité alimentaire non allergique provoquée par l’ingestion d’aliments histaminolibérateurs ou riches en amines biogènes » (histamine et tyramine).
Liste d’aliments pouvant provoquer des pseudo-allergies :
Aliments histaminolibérateurs | Aliments riche en histamine | Aliments riche en tyramine |
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Il est intéressant de connaître ces aliments, pour en réduire la consommation ou les éviter, en cas de poussées d’urticaire chronique chez bébé (tout en consultant pour avis médical).
Comment introduire les allergènes dans l’alimentation de nos tout petits ?
Les allergènes sont à introduire dès le début de la diversification alimentaire, que votre petit soit à risque ou non****.
Le but étant de développer une tolérance le plus tôt possible pour limiter le risque de développer des allergies.
Il est préférable d’introduire les allergènes séparément et en petite quantité, puis augmenter la quantité et la fréquence au fur et à mesure (en fonction de la tolérance de bébé).
On conseille également de les donner en journée pour pouvoir observer d’éventuels symptômes.
En pratique :
Aliment | Astuces d’introduction |
Fruits à coque (noix, noisette, noix de cajou, amande, noix du brésil) | Une demi-cuillère à café de fruits à coque non salés et/ou sucrés en poudre ou en purée à intégrer dans vos préparations. |
Lait et produits à base de lait | Possibilité de donner du yaourt, faisselle, petit suisse ou fromage blanc au lait entier, non cru et non sucrés. |
Gluten | Introduction sous forme de farine (blé, seigle, avoine, orge, triticale, épeautre, kamut) et céréales infantiles. Progressivement, selon les capacités de mastication, on se tourne vers le pain, les petites pâtes, préparations à base de farine, etc. |
Oeuf | A consommer bien cuit et dans les quantités recommandées : 10g de 6 à 12 mois soit environ 1/4 d’œuf.
Ne pas donner de préparations à base d’œuf cru (mayonnaise, mousse, tiramisu) pour limiter le risque infectieux. |
Arachide | A consommer en poudre ou en beurre d’arachide lisse, sans sucre et sans sel. On peut le mélanger à un biberon, un yaourt, une compote. Plus tard, il pourra se tartiner en fine couche sur du pain ou être utilisé dans des plats et desserts maisons.
Ne pas donner le beurre d’arachide à la cuillère ou la cacahuète entière du fait du risque d’étouffement. |
Soja | Consommation déconseillée par l’ANSES pour sa teneur en génistéine, une isoflavone potentiellement perturbatrice endocrinienne. |
Céleri | Introduction sous forme cuite, en purée lisse qui peut être adoucie avec de la pomme de terre ou d’autres légumes. |
Moutarde | Introduction en touche dans vos préparations à base de légumes, viandes, poissons, etc. |
Sésame | Introduction sous forme de purée de sésame (tahin) dans des préparations type purées de légumes ou bien houmous, à raison d’une cuillère à café. |
Lupin | Le lupin est une légumineuse que l’on peut retrouver comme additif alimentaire. Son introduction se fait sous forme de farine dans les préparations maisons. |
Poissons, crustacés et Mollusques | A donner frais, bien cuits et selon les portions recommandées, à savoir 10g pour les 6-12 mois.
Vous pouvez le mixer avec des purées de légumes et / ou de pomme de terre. |
Sulfites | Présence naturelle dans certains produits ou sous forme d’additifs (E221-228). Il n’y a donc pas de conseils d’introduction, si ce n’est que l’introduction se fait tardivement car elles sont principalement présentes dans les boissons alcoolisées. |
Il n’existe pas de protocole d’introduction fixe à suivre (d’autant moins pour les bébés qui ne sont pas à risque).
Nous vous conseillons d’introduire les allergènes que vous avez à la maison afin de favoriser une exposition régulière.
Limiter les produits industriels ou dont vous ne connaissez pas la composition afin de garder la main sur l’exposition de bébé à certains allergènes.
Enfin, si vous avez le moindre doute de réaction de votre bébé à la suite de l’ingestion d’un aliment, n’hésitez pas à consulter votre médecin/pédiatre/allergologue pour prendre avis et conseils.
Apolline Tranchand
* Prévalence des allergies alimentaires en France : données de la cohorte ELFE – ScienceDirect
** Allergènes émergents : les données du Réseau d’Allergo Vigilance® – ScienceDirect
*** AVIS de l’Anses relatif à l’actualisation des données du rapport ‘Allergies alimentaires’ : état des lieux et propositions d’orientation
**** Introduire les allergènes alimentaires dès 4/6 mois (mangerbouger.fr)
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